Source: « Le Monde »
« Une commande historique ! » La direction d’Airbus n’a pas boudé son plaisir, lundi 7 octobre, en annonçant la vente à la compagnie aérienne nippone Japan Airlines (JAL) de cinquante-six A350, son tout dernier gros-porteur long courrier,
Il faut dire que cette commande, d’un montant – prix catalogue – de plus de 9,5 milliards de dollars (7 milliards d’euros), constitue un sacré coup pour le constructeur européen. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Archipel est une chasse gardée des américains. Avec cette commande de 56 A350, dont 31 fermes, « c’est plus qu’un caillou dans la chaussure de Boeing, ironise l’avionneur européen. C’est un très très gros succès, car le Japon était un monopole de Boeing ».
Jusqu’à cette commande, l’avionneur n’avait jamais réussi vraiment à percer au Japon sur le secteur des appareils long-courrier – à l’exception de quelques rares gros-porteurs utilisés pour le fret. Au Japon, Airbus est encore un nain comparé à son rival américain. L’avionneur européen n’y détient que 10 % de parts de marché.
Depuis près de trois ans, Airbus a commencé à desserrer l’étau de Boeing. Notamment en vendant une centaine d’appareils auprès de petites compagnies japonaises.
Mais, jusqu’à présent, la Japan Airlines et All Nippon Airways (ANA) résistaient à ses avances. Les deux compagnies refusent toujours d’acquérir des A380. Toutefois Skymark Airlines, un petit transporteur local, en a commandé quatre auprès d’Airbus.
Pour arracher la signature de la JAL, le PDG d’Airbus, Fabrice Brégier a mouillé la chemise. « Il a pris en main la négociation », commente-t-on chez l’avionneur, se rendant à quatre reprises au Japon depuis le début de l’année. In fine, cette commande « est un succès personnel de Fabrice Brégier », précise-t-on chez Airbus.
STRATÉGIE CONFORTÉE
Avec cette percée japonaise, l’A350 confirme qu’il s’impose comme un nouveau « best-seller » d’Airbus, après l’A320. Alors que le long-courrier n’a été lancé industriellement qu’en 2006, Airbus signale qu’il a déjà dépassé les 750 commandes fermes.
Pour enlever cette commande, le patron du constructeur européen aurait aussi profité des ennuis à répétition du 787 Dreamliner de Boeing. A la suite de problèmes électriques récurrents, ayant notamment provoqué des incendies à bord, le nouveau long-courrier de Boeing a été immobilisé au sol pendant plus de trois mois début 2013.
Depuis, l’avion continue d’accumuler les déboires de tous ordres. « Cela a dû écorner la confiance absolue » que les compagnies japonaises pouvaient placer en Boeing, fait-on savoir de bonne source. Compagnies de lancement du Dreamliner, la JAL et ANA ont dû se passer de leurs 787 pendant plusieurs mois.
La mauvaise passe de Boeing « a aussi dû faire prendre conscience à la JAL qu’une compagnie aérienne de cette importance pouvait avoir des fournisseurs différents ».
La commande annoncée, lundi, valide un peu plus la stratégie d’Airbus en Asie. L’avionneur, qui a installé une usine d’assemblage dans la grande banlieue de Pékin, a engrangé de fortes commandes auprès, notamment, de compagnies chinoises et vietnamiennes.
Depuis début 2013, Airbus a le sourire. « Les résultats seront très supérieurs aux estimations du début de l’année », assure le groupe. L’avionneur, devancé par Boeing en 2012, domine cette année son rival. Airbus a pris plus de 1 000 commandes depuis janvier. Boeing n’en compte que 800.
Et ce n’est pas terminé. Selon nos informations, Airbus est en discussions avec les deux compagnies régulières japonaises la JAL et ANA pour leur vendre tous les types d’appareil. Et notamment une nouvelle fournée d’A350.